
Reconnue par le ministère de la Santé, cette pratique rééducative permet d’intervenir sur les influx du système nerveux central pour retrouver un équilibre intérieur. Jeanne Duhil de Bénazé a ouvert
« Nous avons tous des dérèglements du système nerveux. » Pour autant, rassure Jeanne Duhil de Bénazé, « nous ne sommes pas à proprement parler malades ». Mais ces troubles, « qui ne sont pas des pathologies, insiste la praticienne, peuvent, selon leur intensité, devenir handicapants au quotidien ».
Car de ce système nerveux central, logé dans la partie basse du cerveau, dépend la régulation de « tout ce qui relève de notre vie végétative, psychique et relationnelle » et sur lesquels « nous ne pouvons agir de manière consciente…
« Nous avons tous des dérèglements du système nerveux. » Pour autant, rassure Jeanne Duhil de Bénazé, « nous ne sommes pas à proprement parler malades ». Mais ces troubles, « qui ne sont pas des pathologies, insiste la praticienne, peuvent, selon leur intensité, devenir handicapants au quotidien ».
Car de ce système nerveux central, logé dans la partie basse du cerveau, dépend la régulation de « tout ce qui relève de notre vie végétative, psychique et relationnelle » et sur lesquels « nous ne pouvons agir de manière consciente ». Il contrôle ainsi nos sens, notre motricité, nos organes, nos émotions ou encore nos capacités psychiques. Anxiété, troubles du sommeil, perte de confiance en soi, trouble de l’attention, états dépressifs, hyperactivité, émotivité, hyperacousie sont ainsi quelques-unes des manifestations d’un dérèglement de ce système nerveux central, pouvant résulter d’un traumatisme, de situations de stress répété ou de prédispositions héréditaires. Et qui, selon Jeanne Duhil de Bénazé, concerne « 85 % de la population ». « Chacun ayant son propre cheminement nerveux qui se constitue tout au long de la vie », précise-t-elle.
Projection d’images fixes
Alors que les informations sensorielles enregistrées par notre cerveau passent à 80% par la vision, ces troubles génèrent sur le système oculaire « des surhausse ou surbaisse de ces réponses électriques », qui bien qu’invisibles à l’œil nu, modifient notre perception visuelle. Par chance, souligne l’ancienne étudiante en sciences cognitives, « ces influx nerveux sont comme des muscles et peuvent être rééduqués ». C’est ce que propose la Pédagogie neuro-visuelle (PNV), que pratique depuis quatre ans, Jeanne Duhil de Bénazé, dans son centre de Bordeaux-Pessac.
Contrairement à l’EMDR, qui par un mouvement continu des yeux permet de dépasser un événement traumatique, la PNV relève de l’entraînement neuro-visuel et « ne fait pas appel à la verbalisation de l’état du patient. Je travaille sur le fonctionnement pas la pathologie », spécifie la praticienne. Même si l’un peut avoir une incidence sur l’autre « comme dans le cas de l’autisme où la PNV peut agir sur l’hypersensibilité ».
À chaque séance, la PNV travaille sur une sphère du système nerveux central, à partir d’image fixe composée de couleurs ou de lettres.
Thierry David/ « Sud Ouest »
Pour réguler le mouvement oculaire qui influera sur le système nerveux, la PNV travaille à partir d’image fixe. Plongé dans le noir et une atmosphère apaisante, le patient positionné face à un appareil optique éclairé, va exercer son regard sur une figure projetée pouvant être composée de fonds aux couleurs naturelles, ou de lettres noires sur fond blanc, positionnée à différentes distances.
Des exercices oculaires répétés et progressifs durant lesquels Jeanne va, selon la perception individuelle, placer des caches. Ceux-ci viendront ajuster l’axe de vergence de l’œil, « pour ajuster l’influx nerveux et l’empêcher de chercher à recréer l’image, comme il le fait par habitude ». Cette méthodologie à première vue « simple », a séduit ce quadragénaire qui, après trois mois, perçoit déjà « les effets sur ma suractivité », quand Roselyne, savoure à 76 ans « d’avoir vu disparaître les angoisses ».
Entraînement au long cours
La PNV, relevant donc d’un entraînement, elle requiert de la patience. Car, précise la thérapeute, « on ne peut travailler qu’une seule sphère du système sensoriel, moteur, ou psychologique, par séance ». L’activation de l’arc réflexe et sa stabilisation nécessitant une vingtaine de minutes, même si le système nerveux poursuivra son cheminement après chaque séance, jouant de la plasticité du cerveau.
Une centaine de tests devront ainsi être validés par chaque patient, selon un protocole qui lui est propre, que Jeanne Duhil de Bénazé établit sur la base d’un bilan initial. Et qu’elle ajustera à mesure de l’évolution de chacun. « Une rééducation hyper objective », assure-t-elle, qui implique un suivi régulier, à raison de deux séances par semaine, ponctuée de bilans intermédiaires.
Rééducation douce
Toute progressive, la PNV offre également le double avantage d’être une rééducation douce — « sans prise de tête » déclare Aymeric qui vient chercher à poser ses limites — mais « surtout pérenne » insiste la praticienne. Car une fois retrouvée la réaction nerveuse appropriée, celle-ci est gardée en mémoire par le cerveau, et maintiendra ses effets sur l’équilibre intérieur. D’où son intérêt majeur auprès de jeunes patients, dont la plasticité cérébrale accrue, optimisera les résultats.
Mise au point dans les années 1960, cette méthode séduit de plus en plus de médecins, orthoptistes et psychologues qui la préconisent « pour une prise en charge complémentaire des patients », note la thérapeute.