
Le 10 mai dernier, le cessez-le-feu entre l’Inde et le Pakistan a été considéré comme une « détente » entre les deux pays. Celui-ci venait mettre un terme à plusieurs jours d’affrontements militaires déclenchés par l’Inde, dans le cadre de l’opération Sindoor. Il faut effectivement se féliciter que les armes se soient tues, car trop de civils ont perdu la vie de part et d’autre de la frontière lors des frappes menées par New Delhi et Islamabad. Cependant, cet apaisement est en réalité un trompe-l’œil : aucun motif de tension n’a été désamorcé. Au contraire, des éléments inédits de cet affrontement indo-pakistanais font que les motifs d’une prochaine confrontation régionale perdurent, voire se sont accentués. Tout d’abord, et à rebours de la chronologie, l’annonce, par Donald Trump, de l’arrêt des hostilités a été vécue comme un affront en Inde. Si, depuis 1948, Islamabad s’est efforcé d’internationaliser le conflit, en revanche New Delhi a plutôt tendu à considérer qu’il relevait d’un différend bilatéral, voire d’un enjeu national. Dans les faits, les puissances tierces activaient les canaux diplomatiques pour influencer l’un ou l’autre, mais cela était peu rendu public afin de ne pas mettre en difficulté les gouvernements respectifs. Cristallisé autour de la zone du Cachemire, le contentieux entre les deux pays est consubstantiel à la création des deux États indépendants. Par conséquent, quel que soit les gouvernements en place, il est perçu comme relevant de l’intégrité territoriale nationale : le rejet de l’autre nourrit la construction nationale. Depuis 2014, il se double, en Inde, d’une dimension xénophobe et d’une haine du musulman avec l’arrivée au pouvoir du Bharatiya Janata Party (BJP, Parti du peuple indien). À cela s’ajoute le fait que, pour la première fois, un chef d’État étranger qui annonce le cessez-le-feu et s’en arroge la paternité, est perçu comme une ingérence humiliante dans les […]
Le 10 mai dernier, le cessez-le-feu entre l’Inde et le Pakistan a été considéré comme une « détente » entre les deux pays. Celui-ci venait mettre un terme à plusieurs jours d’affrontements militaires déclenchés par l’Inde, dans le cadre de l’opération Sindoor. Il faut effectivement se féliciter que les armes se soient tues, car trop de civils ont perdu la vie de part et d’autre de la frontière lors des frappes menées par New Delhi et Islamabad. Cependant, cet apaisement est en réalité un trompe-l’œil : aucun motif de tension n’a été désamorcé. Au contraire, des éléments inédits de cet affrontement indo-pakistanais font que les motifs d’une prochaine confrontation régionale perdurent, voire se sont accentués. Tout d’abord, et à rebours de la chronologie, l’annonce, par Donald Trump, de l’arrêt des hostilités a été vécue comme un affront en Inde. Si, depuis 1948, Islamabad s’est efforcé d’internationaliser le conflit, en revanche New Delhi a plutôt tendu à considérer qu’il relevait d’un différend bilatéral, voire d’un enjeu national. Dans les faits, les puissances tierces activaient les canaux diplomatiques pour influencer l’un ou l’autre, mais cela était peu rendu public afin de ne pas mettre en difficulté les gouvernements respectifs. Cristallisé autour de la zone du Cachemire, le contentieux entre les deux pays est consubstantiel à la création des deux États indépendants. Par conséquent, quel que soit les gouvernements en place, il est perçu comme relevant de l’intégrité territoriale nationale : le rejet de l’autre nourrit la construction nationale. Depuis 2014, il se double, en Inde, d’une dimension xénophobe et d’une haine du musulman avec l’arrivée au pouvoir du Bharatiya Janata Party (BJP, Parti du peuple indien). À cela s’ajoute le fait que, pour la première fois, un chef d’État étranger qui annonce le cessez-le-feu et s’en arroge la paternité, est perçu comme une ingérence humiliante dans les […]