La gaie panique. Une histoire politique de l’homophobie

Accès libre, en kiosques // par Jean Stern (novembre 2024)

Mickaël Tempête

«Une ombre secrète dans des quartiers scabreux » : le quotidien Sud-Ouest qualifie ainsi en décembre 1982 Claude-Henri Mathais, militant antinucléaire et homosexuel, qui vient d’être assassiné dans des conditions mystérieuses. Alors que « la question homosexuelle est en surchauffe », que les agressions se multiplient en France depuis quelques années, Mickaël Tempête dresse, dans un essai mordant, l’histoire politique d’une homophobie dans la seconde partie du XXe siècle qui a obligé les gays à « s’autofliquer ». Le député gaulliste Paul Mirguet fait voter en 1960 un amendement classant l’homosexualité comme « fléau social », aux côtés de l’alcoolisme et du proxénétisme. Avec l’idée, disait l’écrivain Yves Navarre, de protéger la « race blanche ». Tempête fait le lien entre homophobie et idéologie dominante. Il ausculte les racines de la « gaie panique » : pratiques policières, nostalgie coloniale, discours médicaux, dont ceux du docteur François Bachelot, qui inspire les formules de M. Jean-Marie Le Pen sur les « sidaïques ». Pour répondre aux homophobes, « plus que de fierté, nous avons besoin d’audace », conclut non sans raison Tempête.

Jean Stern

Divergences, Quimperlé, 2024, 200 pages, 16 euros.

 

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