Plus de deux mois après la dissolution de l’Assemblée nationale par le nouveau président de la République du Sénégal, Bassirou Diomaye Faye, le parti des Patriotes africains du Sénégal pour le travail, l’éthique et la fraternité (Pastef) a remporté, dimanche 17 novembre, « une large victoire » aux législatives, a indiqué le porte-parole du gouvernement Amadou Moustapha Ndieck Sarré.
Si les organes électoraux ont jusqu’à mardi soir pour publier les résultats officiels provisoires au niveau des départements, les médias annoncent, ce lundi 18 novembre, une très large majorité absolue. La radio RFM crédite le Pastef de 119 sièges sur 165 à l’Assemblée nationale et le site d’information Dakaractu lui attribue jusqu’à 131 députés, des estimations établies à partir des premiers résultats. Le quotidien gouvernemental Le Soleil titre sur « la déferlante Pastef ».
Avant la publication de ces décomptes de sièges, le porte-parole du gouvernement s’était déjà félicité de l’issue du scrutin. « Je rends hommage au peuple sénégalais pour la large victoire qu’il a donnée à Pastef », le parti du président et du premier ministre Ousmane Sonko, avait assuré Amadou Moustapha Ndieck Sarré, sur la chaîne de télévision sénégalaise TFM, en précisant être en possession de « 90 à 95 % des résultats ». « Les tendances lourdes montrent que Pastef aura une majorité qualifiée », a-t-il dit sans alors préciser le nombre de sièges.
La feuille de route qui avait valu l’élection de Bassirou Diomaye Faye, le 24 mars dernier, pourra désormais être mise en œuvre. Ainsi, « le concept de souveraineté qui a des répercussions internationales », et celui de « panafricanisme de gauche », portés par le Pastef, sont deux principes fondamentaux qui avaient conduit à la victoire du président, pour le chercheur El Hadj Souleymane Gassama de l’Institut de relations internationales et stratégiques (Iris).
Le duo Faye-Sonko aura donc les moyens de les décliner concrètement, via notamment l’amélioration du niveau de vie d’une population dont une grande partie se bat au quotidien pour joindre les deux bouts, le partage des revenus des ressources naturelles comme les hydrocarbures et de la pêche, le combat contre la corruption, ou encore la transformation de l’État et sa justice.
Jusqu’alors, Bassirou Diomaye Faye, élu président au premier tour en mars, et son mentor Ousmane Sonko, qui aurait dû occuper sa place si sa candidature n’avait été invalidée, devenu premier ministre, ont tenté de mettre en place une législation en faveur notamment de la justice sociale. Sans grand succès, puisque les dirigeants au pouvoir subissaient une cohabitation conflictuelle avec une Assemblée nationale sénégalaise toujours dominée par l’ancienne majorité présidentielle.
Et c’est le sens des propos d’un des électeurs qui a voté pour le parti au pouvoir. « Je pense que celui à qui tu as donné la confiance à la présidentielle, il faut lui renouveler la confiance pour qu’il puisse accomplir ce qu’il a entamé. On veut que la vie coûte moins cher aux Sénégalais. Tout coûte cher, l’eau, l’électricité, la nourriture », indique Touré Aby, 56 ans.
« Ça fait partie des seuls moyens qu’on a pour réellement impacter la société et je me dis que si on ne vote pas, on ne pourra pas, après, venir se morfondre de ce qui se passe dans la société », assure également Mademba Ndiaye, un étudiant de vingt ans qui a voté pour la première fois, dans la capitale. Le coût de la vie reste une préoccupation majeure, comme le chômage, à plus de 20 %, rapporte l’Agence France Presse.
Au total, 7,3 millions d’électeurs étaient appelés à élire 165 députés qui siégeront pour cinq ans. De son côté, la coalition Takku Wallu Sénégal de l’ancien président Macky Sall a dénoncé dans un communiqué une « fraude massive organisée par le Pastef ».
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