« Le quartier Thiocé-Ouest de Mbour pleure ses morts engloutis par la mer dévoreuse. » L’émotion du journal sénégalais Sud Quotidien, mercredi 11 septembre, est à la hauteur du drame. Selon un dernier bilan, au moins 26 personnes sont mortes dans le naufrage de la pirogue dimanche au large des côtes de Mbour, ville située à 80 km au sud de Dakar, la capitale. Le bilan devrait s’alourdir dans les prochains jours. Tandis que les recherches se poursuivent, les premiers enterrements ont eu lieu dès lundi.
À lire aussiCrise migratoire : l’Espagne signe des accords bilatéraux avec la Gambie et la Mauritanie
Le navire était surchargé, avec plus de 150 personnes à son bord. Tentant de rejoindre les îles espagnoles des Canaries, l’embarcation a chaviré dans l’après-midi peu de temps après être partie. Le capitaine, Cheikh Sall, organisateur de ce voyage mortel, a été arrêté par la police en charge de l’enquête. Après avoir nagé jusqu’à la plage, selon plusieurs médias nationaux, ce pêcheur de 52 ans s’est lui-même rendu aux forces de l’ordre. « Le convoyeur de la pirogue a pris ses responsabilités », note Sud Quotidien. Certains médias locaux racontent qu’avant de prendre la mer, le capitaine a fait appel à un marabout. D’autres annoncent même qu’il a été arrêté chez ce marabout. Des rumeurs très vite réfutées par le frère de l’accusé. Ce dernier affirme par ailleurs qu’il y avait seulement 88 personnes à bord de la pirogue.
Ce nouveau naufrage relance le débat sur ces Sénégalais qui fuient le pays par la mer pour aller en Espagne. Le Sénégal est en effet l’un des principaux points de départ pour les milliers d’Africains qui prennent depuis des années la périlleuse route de l’Atlantique. Lundi 9 septembre, deux embarcations prenant le large ont été arrêtées par la police maritime. « Qui pour leur dire que la vie est ici, dans ce pays, et maintenant ? », s’insurge le média Dakarmatin. Avant d’ajouter : « avec tous ces morts, c’est notre responsabilité collective qui est interpellée. » De son côté, Sud Quotidien affirme qu’après « les fortes émotions et les chaudes larmes qui sévissent dans plusieurs quartiers de Mbour, des appels sont faits pour dissuader les jeunes tentés par des sirènes de la mort ».
À lire aussiMineur et migrant : Saliou, Sénégalais de 11 ans, déterminé à rejoindre sa mère en Espagne
En soutien aux familles des victimes, l’ancienne première ministre, Aminata Touré, nommée récemment haute représentante du président de la République, Bassirou Diomaye Faye, a exprimé sa « solidarité » et sa « compassion ». Au total, plus de 22 000 migrants ont débarqué aux Canaries depuis janvier 2024, soit plus du double par rapport à l’année précédente. Fin août, le premier ministre espagnol en tournée en Afrique de l’Ouest a annoncé la signature au Sénégal, en Gambie et en Mauritanie de nouveaux accords en faveur d’une migration régulée.