Sénégal : une révision à la baisse de la croissance par le FMI soulève des questions

Dakar

Le FMI revoit à la baisse la prévision de croissance du Sénégal pour 2024. Cela soulève de réelles interrogations sur la santé économique du pays.

Le Fonds Monétaire International (FMI) a récemment revu à la baisse les prévisions de croissance économique du Sénégal pour l’année 2024, déclenchant de nouvelles interrogations sur l’état de l’économie du pays. Annoncée lors de la visite d’une délégation du FMI à Dakar, cette révision fait état d’une situation plus complexe que prévue pour les prochains mois.

Une révision inattendue

La dernière estimation de croissance économique du FMI pour le Sénégal est désormais de 6 %, contre 7,1 % en juin. Ce changement est attribué à des « perspectives économiques difficiles » selon les termes du FMI, qui souligne un ralentissement général des activités non liées aux hydrocarbures, avec une projection de croissance réduite à 3,3 % pour ce secteur. Ces nouveaux chiffres, bien en deçà des objectifs précédents, surprennent d’autant plus que l’an dernier, la croissance était initialement prévue à 10 % du PIB.

Malgré cette révision à la baisse, le FMI souligne certains points positifs. Le déficit du compte courant devrait baisser à 12,7 % du PIB grâce à l’essor de la production d’hydrocarbures. De plus, l’inflation globale est en net recul, atteignant un taux annuel de 1,5 %. Ces améliorations sont toutefois contrebalancées par une hausse du déficit budgétaire, qui devrait dépasser les 7,5 % du PIB, bien au-dessus des prévisions initiales de 3,9 %.

Un héritage budgétaire lourd

Le Sénégal traverse une période d’incertitude budgétaire, en partie liée à l’héritage des précédentes autorités. Les nouvelles réformes promises par les actuels dirigeants sont saluées, mais le chemin reste semé d’embûches. Le FMI a souligné l’absence de mesures budgétaires supplémentaires, qui pourrait compromettre les efforts pour atteindre l’objectif de déficit de l’UEMOA de 3 % du PIB d’ici 2025. La dette publique demeure également supérieure au critère de convergence fixé à 70 % par l’UEMOA.

Pour stabiliser l’économie et revenir à une trajectoire budgétaire plus favorable, le FMI recommande des réformes structurelles. Parmi celles-ci, la rationalisation des exonérations fiscales et la suppression progressive des subventions énergétiques non ciblées sont au cœur des suggestions. Le Sénégal est également encouragé à traiter l’accumulation des impayés envers les entreprises privées, notamment dans les secteurs de l’énergie et de la construction, à travers un plan d’apurement transparent et crédible.

Vers une meilleure gestion de la dette et des finances publiques

Les autorités sénégalaises ont réaffirmé leur engagement en faveur de la transparence et de la bonne gouvernance, tout en s’attelant à finaliser un audit général des finances publiques. Cette démarche est essentielle pour restaurer la confiance des investisseurs et partenaires internationaux, alors que le pays cherche à redresser son économie.

 

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