Composter, récupérer, réduire son empreinte, rouler électrique… on le fait à la maison, mais qu’en est-il dans notre environnement de travail?
«On passe une grande partie de notre vie au travail. On devrait davantage s’attarder à nos comportements dans ces milieux.» C’est le constat qu’a fait Virginie Francoeur, professeure de changement organisationnel à Polytechnique Montréal.
En compagnie de Pascal Paillé, professeur en gestion des ressources humaines durables à la NEOMA Business School de France, ils ont recensé les études s’intéressant aux comportements écoresponsables dans les milieux de travail. Le fruit de leur labeur prend la forme d’un ouvrage qui vient de paraître aux Presses de l’Université Laval.
Après avoir épluché plusieurs études sur le sujet, ‒ dont la plupart proviennent de l’Europe et portent sur les services publics ‒, les deux auteurs arrivent à plusieurs conclusions.
«Il y a urgence d’agir et d’adopter des comportements engagés dans nos organisations. À ce rythme, on n’atteindra pas les cibles des Nations Unies de 2030.»
Pour y arriver, il faut d’abord repenser la définition d’un comportement écoresponsable. Nul doute que tous les gestes comptent, renchérissent-ils. Mais tous les gestes n’ont pas la même portée.
«Réduire le papier au bureau est une action simple et facile à faire accepter, mais son impact environnemental n’est pas aussi grand qu’une manufacturière qui change ses combustibles et qui réduit ses GES», illustre Pascal Paillé.
N’empêche, pour qu’un comportement soit adopté à long terme et à grande échelle, il doit d’abord obtenir l’approbation sociale. Imposer une politique et contraindre les employés à s’y conformer n’est pas la meilleure façon pour qu’il ait une portée sur le long terme, c’est même le contraire.
«Ça part d’en bas. On remarque que l’initiative qui fonctionne est souvent celle qui vient d’un employé. Celui-ci met en place un projet et incite ensuite le verdissement de l’organisation.»
Un employé seul est certes limité dans sa capacité d’action. Mais il peut être la bougie d’allumage pour intéresser ses supérieurs à l’importance d’adopter des politiques ou des actions concrètes.
Pourvu que cette initiative ne nuise pas à son travail. «Si c’est une tâche supplémentaire, ça me marchera pas», ont constaté les chercheurs. «Il faut avoir l’espace mental pour le faire.»
Bon nombre d’organisations, coincées entre le manque de personnel et la course à la productivité, n’ont pas «cet espace nécessaire», avancent-ils.
Mais celles qui l’encouragent voient des gains d’efficacité et de productivité.
«Parce que les employés sont plus engagés. Ils veulent avoir un travail qui fait du sens. De telles initiatives contribuent à cette quête de sens», rappelle Pascal Paillé.
Les auteurs recommandent d’enseigner ces notions à l’université, afin de former dès maintenant les futurs travailleurs et gestionnaires. Concrètement, ils suggèrent l’ajout d’un cours en développement durable dans tous les programmes universitaires.
«Pour que ces notions soient élargies et intégrées à l’apprentissage dans tous les secteurs d’activités au final», insiste Virginie Francoeur.
«Ça ne concerne pas seulement les équipes des RH ou les grandes entreprises qui ont plus de ressources. […] Il faut que ces comportements soient normalisés et deviennent la voie à suivre dans tous les types de milieu de travail.»